Notes de lecture


Patrick BENAZET

LIN99
Jo LINK-PEZET
De la représentation à la coopération : approche théorique du traitement de l'information
janvier 1999
mots-clés : mémoire, système d'information, réseau, information, connaissance

 

Observation générale :
Par un balayage des mécanismes de mémorisation mis en parallèle avec l'organisation des mémoire électroniques, l'auteur expose le processus de création de connaissance sur les réseaux. L'incidence de la prise en compte à la fois des actions des membres du réseau et de l'environnement informationnel est mise en avant dans le processus de création de la connaissance. La dernière partie trace les perspectives des réseaux hypertextuels et de leur capacité à favoriser les apprentissages.


 

Mémoire :
On ne se rappelle pas forcément de ce que l'on croit avoir compris. La mémorisation passe par un ordonnancement des idées. La mémoire humaine est composée de codages successifs : visuels, graphiques, auditifs, lexicaux, sémantiques. La mémoire informatique est une prothèse de la mémoire humaine, elle est constituée de l'histoire des actions individuelles conditionnée par la mémoire collective.

Système d'information :
Les données sont des ressources qui se transforment en produits informatifs par un processus d'ajout de valeur. La réception d'un message n'est pas un enregistrement passif, chacun sélectionne en fonction de ses habitudes sociales. Les méthodologies traditionnelles de modélisation de l'information sont devenues insuffisantes car elles correspondent à des univers clos alors que les systèmes d'information modernes sont répartis, distribués.

Réseau :
Dans un réseau, l'individu est placé au centre d'un dispositif dont il n'a pas la maîtrise et les repères cognitifs antérieurs sont rompus. Le réseau est un espace de travail intellectuel collectif dans lequel, selon Noyer (94) les êtres, les signes et les choses trouvent une dynamique de participation mutuelle et échappent aux séparations des territoires. Le réseau constitue une mémoire collective qui repose sur un principe d'auto-organisation de la construction collective, d'enseignement réciproque et des consciences mutuelles. L'utilisateur doit interagir , chose, nouvelle, il passe d'un dispositif mass-médiatique à un univers où il doit prendre l'initiative de se façonner son espace informationnel.

Information et connaissance :
L'information se transforme en connaissance par l'interaction de chacun "on assiste à la construction récursive de pensée et de constitution des savoirs...". Pour que l'information soit produite, il faut que l'acteur humain la perçoive à travers des événements dont la valeur informationnelle tient aux trois paramètres : probabilité, pertinence et effet. La communication ne s'établit que si des règles sociales et des intérêts communs existent. Reprenant Bateson, l'auteur avance que l'organisation d'une nouvelle information produit une perturbation qui déséquilibre le champ cognitif alors enrichi. Citant Piaget et Polanyi, il s'appuie sur la dynamique d'émergence et d'auto-organisation qu'on retrouve dans la théorie des systèmes complexes où le fonctionnement en réseau du cerveau humain fait ressortir la capacité à apprendre en intégrant la nouveauté par une nécessaire stratégie de l'activité intellectuelle, l'intention. Enfin par un parallèle fait entre les niveaux tacite et implicite de la connaissance, l'auteur nous dit que la connaissance se crée et se transmet par interaction sociale telle une spirale qui passe d'un niveau à l'autre en permanence.

Cognition distribuée :
Confronté au réseau, l'individu se trouve en situation de production de connaissance dynamique du fait des relations qu'il entretient avec son environnement informationnel. Le domaine cognitif est alors constitué des interactions avec les autres ainsi qu'avec son environnement informationnel. La production de sens ne se fait pas de façon planifiée, elle n'intervient qu'à posteriori lorsque l'acteur est parvenu à interpréter les faits et les intentions des partenaires du réseau. Dans ce contexte, chaque acteur dispose de son propre champ cognitif et l'intersection des champs cognitifs des différents acteurs représente l'environnement cognitif partagé. La structuration hypertextuelle de l'information en réseau est assimilée à une forme sémiotique de l'intelligence répartie. L'hypertexte autorise l'entrée au niveau de détail d'information voulu, créant ainsi des stratégies qui constituent des contextes informationnels différents. C'est un type d'organisation qui favorise l'initiative et accroît la capacité de l'acteur à acquérir et à accumuler de la connaissance. C'est à la fois un type d'organisation et un processus qui conduit à ce que Pierre LEVY a désigné comme étant l'intelligence collective.