Notes de lecture


Patrick BENAZET

PEE95
Hugues PEETERS et Philippe CHARLIER
Pour une sémio-pragmatique des hypertextes multimédia
1995
mots-clés : hypermédia, interprétance, signe

 

Observation générale :
En s'appuyant sur la théorie Peircienne, les auteurs analysent les modes d'interprétance des documents hypermédias. Ils proposent des pistes pour construire une méthodologie d'analyse des documents hypermédias essentiellement située dans la secondéité et prenant en comprte les aspects sémiologique, pragmatique et psycho-cognitif.


 

Hypermédia :
L'hypertexte est une technique de mise en forme de documents mis en relation par indexation dynamique. L'ajout de composants multimédias en fait l'hypermédia. En s'inspirant du modèle triadique de Peirce, il est possible d'identifier trois niveaux de lecture d'un document hypermédia. Les auteurs proposent un modèle d'analyse des documents qui prend en compte la dimension sémiologique avec l'étude du document tel qu'il se présente, puis, la dimension pragmatique avec l'analyse de la relation de l'utilisateur au document, et enfin, la dimension psycho-cognitive avec l'analyse des formes de savoir construites. Chacune de ces trois dimensions étant à son tour trichotomisée. On distingue trois niveaux dans la dimension sémiologique : les signes eux-mêmes abordés en trois classes : icônes, indices, symboles; les signes rapportés à leur objet : ceux qui ont une fonction esthétique ou logicielle (de navigation par exemple) et les signes d'interprétance : interprétant direct (apparence), interprétant dynamique (les liens) et interprétant final (l'information assimilée). La dimension pragmatique est décomposée en trois niveaux : contemplation, navigation et réflexion. Enfin, la dimension psycho-cognitive fait état des trois niveaux suivants : savoirs de forme intuitive, savoirs de forme répertoriante et savoirs de forme argumentative. On note que ces trois formes de savoir peuvent être mises en parallèle avec les trois formes de mémoire de Berten : mémoire iconique, mémoire sémantique et mémoire procédurale.

 

Interprétance :
La détermination dernière du sens est tributaire du contexte de réception du document. Cette opération se fait selon un principe de lecture négociée du fait que le document présente les éléments de cette négociation sur lesquels le lecteur peut s'appuyer. Le processus d'interprétance se déroule en trois temps. L'interprétant immédiat, la compréhension correcte du signe, intervient en premier temps. En deuxième lieu, le signe renvoi à d'autres signes à la recherche de son sens. Et enfin l'interprétant final clôture le sens. C'est l'activité du signe dans laquelle l'interprétant renvoie à lui-même. L'interprétant final détermine une habitude.

 

Signe :
Peirce a bâti sa sémiotique sur l'analyse phénoménologique de la substance de l'être. Il formule l'hypothèse de l'existence de trois catégories qui sont la priméité, la secondéité et la tiercéité. Ainsi tout signe a une structure triadique constituée du signe qui est le signifiant, de l'objet qui est le référant et de l'interprétant qui est une sorte de représentation sociale. Le signe est donc doté d'une dynamique interne qui constitue un système trichotomique : au plan de la nature (la priméité) le signe peut être un qualisigne, un sinsigne ou un légisigne. Au plan de la manière dont le signe renvoie à son objet (secondéité), il peut être iconique, indexical ou symbolique. Enfin au plan de la manière dont l'interprétant crée la relation entre le signe et son objet (tiercéité), il peut être rhématique, dicent ou argumental.